Menace sur la CAN
Alors que la liste des morts s'est allongée suite à l'attaque terroriste de rebelles sur le bus de la délégation togolaise, vendredi, dans l'enclave de Cabinda, la Coupe d'Afrique des Nations Orange 2010 paraît sérieusement menacée. Les Éperviers ont décidé de renoncer à la compétition alors que plusieurs autres sélections se posent sérieusement la question.
Après l'attaque terroriste sur le bus de la délégation togolaise, plusieurs sélections se posent sérieusement la question de leur participation, ou non, à la CAN. (Reuters) Après l'attaque terroriste sur le bus de la délégation togolaise, plusieurs sélections se posent sérieusement la question de leur participation, ou non, à la CAN. (Reuters)
Et dire que cette Coupe d'Afrique des Nations Orange 2010, la vingt-septième du nom, devait être la grande fête du football africain. Aujourd'hui, le monde entier a les yeux tournés vers l'Angola, le pays-hôte. Mais quel regard froid, quelle vue ignoble et sordide ! Pour rappel, le car de la sélection togolaise a été mitraillé, vendredi, par un groupe rebelle, à la frontière entre le Congo et Cabinda, enclave angolaise en territoire congolais. Il était environ 15 heures, les Éperviers revenaient d'un stage de préparation quand l'horrible tragédie s'est produite. La bêtise humaine, ou plutôt les tensions entre les séparatistes et le parti au pouvoir, le MPLA, ont alors pris le pas sur le sport. Dégoûtant. Infâme. Révoltant.
Dans la soirée, déjà, on apprenait le décès du chauffeur de bus tué sur le coup, alors que Serge Akakpo, défenseur de Vaslui, en Roumanie, et Kodjovi Obilale, gardien de but de Pontivy (CFA), étaient sérieusement touchés : le premier d'une cartouche qui l'a éraflée, le second, plus grièvement, d'une balle dans le rein. Ce dernier a été transporté à l'hôpital de Johannesburg, où il est conscient et dans un état stable. Par ailleurs, ce samedi, le bilan s'est encore alourdi. D'après Kossi Agassa, le gardien titulaire des Eperviers cité par France Info, l'entraîneur adjoint du Français Hubert Velud, à savoir Abalo Amélété, et l'attaché de presse, Stan Ocloo, auraient également trouvé la mort, succombant de leurs blessures. Dans ces conditions terribles, les joueurs togolais, Emmanuel Adebayor en tête, encouragés par leur gouvernement, ont décidé de rentrer au pays et donc de ne pas prendre part au tournoi.
Vers un boycott de la CAN ?
Le capitaine du Togo a en effet quitté l'Angola, samedi, à en croire les déclarations de Simon Heggie, un porte-parole de son club, Manchester City. "Il est sur le chemin du retour mais nous ne savons pas exactement où se rend son avion. Nous avons été en contacts permanents avec Emmanuel, nous avons parlé avec ses conseillers et avec sa compagne, il revient chez lui." Une décision logique que comprend parfaitement Patrick M'Boma, ancien attaquant du Paris Saint-Germain et des Lions Indomptables, devenu consultant pour Orange sport. "Il y a eu de quoi faire peur. Je ne sais pas si les autres joueurs veulent ou peuvent participer à la compétition, c'est l'interrogation. Mais, psychologiquement, nous sommes touchés par de tels faits."
Les Forces de Libération de l'État du Cabinda/Position Militaire, qui ont revendiqué ce terrible attentat par l'intermédiaire d'un communiqué, alors repris par RMC, ne souhaitent pas s'arrêter à ce massacre. Inquiétant. "Cette opération commando n'est que le début d'une série d'actions ciblées qui va se poursuivre sans arrêt sur l'ensemble du territoire du Cabinda." Appelée à réagir, la Confédération africaine de football (CAF) a, de manière stupéfiante, rejeté la faute sur la délégation togolaise, fautive selon elle d'avoir prévu ses déplacements par bus et non par voie aérienne, et a confirmé la tenue de l'épreuve. Cependant, à l'heure actuelle, plusieurs sélections se posent sérieusement la question de leur participation, ou non, à la CAN. C'est notamment le cas de plusieurs équipes, solidaires avec le Togo, que sont la Côte d'Ivoire, le Ghana, ou encore le Cameroun.
source :orange sport